Présentation
Le musée de Brest est à l’image de la ville qui l’entoure. C’est une recréation d’après-guerre, alors qu’avait disparu l’essentiel des richesses rassemblées depuis 1875. Anéanti sous les bombes en 1941, il fut rebâti en 1964, lorsque s’achevait la reconstruction de la cité.
Le musée est comme un point d’ancrage dans la ville nouvelle : un lieu où retrouver, à travers l’expression artistique, une mémoire ailleurs effacée. C’est pourquoi on privilégia d’emblée l’acquisition de peintures européennes depuis la fin du XVIème siècle jusqu’à nos jours. Les différents courants témoignent autant de la variété dans l’expression que de l’unité profonde dans la pensée.
Près de trente ans plus tard, quelque trois cents œuvres exposées invitent le promeneur à approcher le monde sensible de l’art et à découvrir un passé proche ou lointain.
Opposition de styles, conjugaison de talents
Trois ensembles principaux rythment la présentation. D’abord, exposé à l’étage, un large panorama de peintures anciennes (du XVIème au XVIIème siècle) montre aussi bien les rapports suivis entre l’Italie et la France, sans omettre les Flamands et les Hollandais, que la variété des écoles et l’opposition majeure entre Classique et Baroque. L’évocation du grand genre, la diffusion du Néoclassicisme et la naissance du Romantisme prolongent la visite. Quelques noms retiennent l’attention : Guerchin et Schalcken, Dolci, Houasse, Giordano, Van Loo, Batoni ou Sablet. On ne saurait passer sous silence la morbide et fascinante toile de Pietro della Vecchia où l’on découvre Isabelle de Portugal dans son cercueil ouvert.
Ensuite, au rez-de-chaussée, une série d’éclairages sur les courants multiples du XIXème siècle, depuis le Romantisme (avec A. Decamps ou E. Cibot), l’Académisme (A. Delobbe), le paysage (G.Michel) et le portrait (F. Winterhalter), l’art mural (H.Lévy, J.P. Laurens) jusqu’à l’Orientalisme (E. Fromentin) et le Réalisme (P. Mathey et R. Collin). On retiendra au passage le célèbre trompe-l’œil, « Vache à l’étable » peint par G. Kneipp en 1841 : Chef-d’œuvre du Kitsch, prémonitoire des audaces surréalistes.
Enfin – et c’est le point fort du musée – le mouvement symboliste, décisif dans l’évolution des arts à la fin du siècle passé. Ont été rassemblés non seulement des pastels de L. Lévy-Dhurmer et d’E.-R. Ménard, des toiles d’E. Aman-Jean, G. Clairin, C. Dulac, A. Séon, H. Martin… mais de rares œuvres belges et anglaises. Au milieu, le groupe de Pont-Aven (1886-1895) : E. Bernard, H. Delavallée, E. Jourdan, M. Maufra, H. Moret, A. Seguin. Si les manquants sont rares, P. Gauguin fait encore défaut. Les Nabis ont recueilli leur héritage novateur : ce sont ici P. Sérusier, H.-G. Ibels, G. Lacombe, jusqu’à la toile majeure de P. Bonnard : « Le pommier fleuri » (1920).