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Les techniques de gravure en taille douce

Présentation

La taille-douce désigne l’ensemble des procédés de gravure en creux sur une plaque de métal
La gravure en taille douce compte 3 techniques principales, Le burins, l’eau forte et l’aquatinte.

1 Gravure au Burin :
Le burin est l’un des principaux instruments utilisés en taille-douce pour réaliser des gravures à la ligne. Ce terme désigne également la plaque gravée au burin ainsi que les impressions qui en sont tirées. « Le mode d’impression propre à cette technique se nomme impression en taille-douce, cette dernière n’étant pas uniquement celle de la gravure au burin, mais s’appliquant à l’ensemble de l’impression de la gravure en creux. Notons cependant que pour certains puristes, qui veulent en conserver le premier sens, la taille-douce est uniquement la gravure au burin ».
En gravure, le burin consiste en une tige carrée, rectangulaire ou en losange, en acier trempé, insérée au rouge dans un manche en bois de buis que l’on nomme champignon. « Quel que soit le modèle, le champignon est sectionné de telle sorte que la lame du burin fasse un angle très faible, d’environ 5°, avec la surface de la plaque lorsque le burin est posé sur le méplat du champignon »
L’extrémité est sectionnée obliquement et la pointe soigneusement affûtée est en mesure de creuser un sillon dans une plaque de métal ou de bois.
Le sillon s’appelle une taille et sa principale caractéristique est d’être nette et sans rebord, soit très fine, soit très profonde.
Le burin est donc une composante de la chalcographie.
– Historique :
Il semble que les outils de la gravure au burin soit ceux que les orfèvres utilisaient. Au XIesiècle, le moine Théophile les mentionnait déjà.
Vasari en 1550 confirmera le lien entre orfèvre et graveur au burin. « Les spécialistes inclinent à penser que la taille-douce serait née vers 1430, dans le nord de l’Europe, entre l’Allemagne et les Pays-Bas ». La gravure sur cuivre soufre d’un handicap par rapport à la gravure sur bois : cette dernière pouvait être imprimée en même temps que le texte à condition que le bois et les caractères respectent le pied de Roy (c’est-à-dire 23 cm de hauteur). Or, la gravure sur cuivre nécessitait deux opérations et deux presses.
Le premier livre illustré de gravures au burin est imprimé à Bruges en 1476. En 1477, un livre est édité avec des gravures sur cuivre de Bettini à Florence.
De Dürer à Mohlitz, les graveurs donneront au burin ses lettres de noblesse et leur art sera qualifié de « beau métier ».

2 Gravure à l’eau forte :
L’eau-forte est un procédé de gravure en creux ou taille-douce sur une plaque métallique à l’aide d’un mordantchimique (un acide). L’artiste utilisant l’eau-forte est appelé aquafortiste.
A l’origine, l’eau-forte était le nom donné à l’acide nitrique. « Cette appellation elle-même est celle de l’acide nitrique étendu d’eau : l’aqua-fortis des anciens alchimistes.». Aujourd’hui, l’acide nitrique est remplacée par des mordants moins toxiques, tels le perchlorure de fer.
L’eau-forte est un procédé de taille indirect (par morsure du métal par une acide), par opposition à ceux obtenus par taille directe (à l’aide d’outils tels burin ou pointe sèche). « En un sens général, l’eau-forte, qui est à la fois le procédé, la gravure sur métal et l’estampe obtenue par cette gravure, s’oppose aux autres procédés de taille-douce (ou gravure en creux), exécutés aux outils (burin, pointe sèche, manière noire). »
Parmi les différentes procédés d’eaux-fortes, on trouve l’aquatinte, la gravure au lavis ou la manière de crayon. Toutes désignent une technique de gravure où l’image est creusée sur une plaque de métal à l’aide d’un acide. Elles diffèrent en revanche par les outils ou vernis à graver utilisés.
Le principe est simple : sur la plaque de métal préalablement recouverte d’un vernis à graver, l’artiste dessine son motif à la pointe métallique. La plaque est ensuite placée dans un bain d’acide qui « mord » les zones à découvert et laisse intactes les parties protégées. Après nettoyage du vernis, la plaque est encrée et mise sous presse.
L’eau forte (sans trait d’union) désigne une technique de peinture à la chaux

– Historique :
Rapidement employée dès le Moyen Âge par les orfèvres arabes en Espagne et à Damas, elle est dès le début du XVe siècle appliquée dans le domaine de l’image imprimée. De grands graveurs comme Urs Graf (1485-1527, actif à Zurich et à Bâle) dès 1513, et Albrecht Dürer (Nuremberg, 1471-1528) en 1515 sont parmi les premiers à exploiter cette technique pour ses caractéristiques propres.
« À partir des années 1530, elle trouve sa véritable voie avec Francesco Mazzola (Parme, 1503 – Casal Maggiore, 1540) dit Parmigianino ou « Le Parmesan », qui s’empara de cette technique et en usa avec un brio extraordinaire ». L’eau-forte devient très rapidement le moyen d’expression favori des « peintres-graveurs ».
C’est grâce à Antonio da Trento que la technique fut utilisée par l’école de Fontainebleau.
À l’origine, l’outil employé est une simple pointe, qui permet des effets graphiques proches de ceux de la plume. Cependant, cette technique connaît une importante transformation au début du XVIIe siècle, grâce à trois innovations majeures dues à Jacques Callot (Nancy, 1592-1635), graveur lorrain formé en Italie. Celui-ci découvre la possibilité d’utiliser l’« échoppe », outil proche du burin présentant un profil triangulaire, qui permet des effets de variation dans la grosseur du trait et, donc, l’usage des pleins et des déliés. Les possibilités graphiques s’en trouvent multipliées. Il abandonne également le vernis mou, utilisé jusque-là, qui ne permettait pas au graveur de poser la main sur la plaque. Il lui substitue un vernis dur, utilisé par les luthiers, qui donne ainsi une facilité d’exécution réellement analogue à celle du dessin. De plus, il met au point un procédé de morsure dite « à bains multiples », c’est-à-dire qu’il a l’idée de protéger certaines parties de la plaque après une première morsure, avant de la plonger à nouveau dans le bain corrosif. Cela lui permet de jouer sur l’épaisseur et la profondeur des tailles et de varier ainsi la ligne avec une grande précision.
Il ouvre ainsi la voie à un nouveau terrain d’expérimentation : Abraham Bosse (Tours, 1602 – Paris, 1676), grâce à l’emploi d’un vernis plus mou, permet à l’eau-forte de rivaliser avec le travail des burinistes. Celui-ci est tout d’abord l’auteur du Traité des manières de graver en taille douce sur l’airain par le moyen des eaux fortes et des vernis durs et mols, publié en 1645, premier manuel pratique et théorique sur l’eau-forte. Il tente par ce biais de faire admettre la gravure comme art majeur, au même titre que la peinture, la sculpture ou l’architecture. Quelques années plus tard, en 1648, lorsque l’Académie royale de peinture et de sculpture est créée en France, il est le premier graveur à y être accepté et à y dispenser des cours au même titre que l’enseignement du dessin, de l’anatomie et de la théorie de l’art. Sous son impulsion, l’Édit de Saint-Jean de Luz en 1660 consacre la gravure comme art libre. L’eau-forte, ainsi que toutes les autres techniques de l’estampe sont désormais considérées comme un art à part entière, propre à rivaliser avec la peinture de chevalet et les autres arts figuratifs.

Rembrandt (Leyde, 1606 – Amsterdam, 1669) exploite la technique de l’eau-forte au maximum de ses possibilités en adoptant la technique des bains multiples. Il s’intéresse au processus d’impression en testant divers types de papiers, d’encre et de techniques d’encrage. Au XVIIe siècle, Claude Lorrain, Ruysdael et Van Ostade utilisent l’eau-forte pour leurs gravures de paysages. Au siècle suivant, Gabriel de Saint-Aubin pousse la technique au maximum de ses possibilités. Piranèse dans ses Prisons utilise l’eau-forte pour renforcer l’atmosphère étrange des bâtiments. N’oublions pas Watteau, Boucher, Tiepolo.
Au XIXe siècle, de grands noms de la peinture se sont adonnés aux plaisirs de l’eau-forte : Seghers, Goya, Degas, Pissarro, Picasso, Matisse, Gabriel Belgeonne,Charles Paul Renouard et Anne Claude Philippe de Tubières, Comte de Caylus. Gravure de peintre par excellence, l’eau-forte a contribué à donner à l’estampe ses lettres de noblesse.

3 Gravure à L’aquatinte :
L’aquatinte ou aquateinte est un procédé d’eau-forte par lequel on obtient différentes tonalités par la morsure, plus ou moins prolongée, dans un bassin d’acide, d’une plaque de métal recouverte d’une couche de résine ou de bitume en poudre.
La planche est d’abord poncée, puis décapée. Le dos de la plaque et les tranches sont soigneusement protégés.
La plaque est recouverte de résine, par passage dans une boîte spécialisée. La plaque est mise à plat dans la boîte et la porte est refermée. On laisse la résine se déposer pendant quelques minutes, suivant la densité souhaitée. La plaque est sortie de la boîte et passée sur une source de chaleur afin de faire fondre la poussière de résine.
Il est également possible de déposer la résine à l’aide d’une poupée de tissu poreuse remplie de résine. Dans ce cas le dépôt est moins régulier et les grains seront déposés de façon plus compacte.
Le choix du grain est lié à l’effet souhaité :
* grain fort, relativement peu abondant : grenure marquée mais irrégulière
* grain fort et abondant : grenure peu marquée
* grain fin, relativement peu abondant : grenure marquée assez régulière
* grain fin et abondant : grenure peu marquée[9] La cuisson doit être très précise : le danger est que le grain s’écrase trop et donc obture toute surface à l’acide. « On constate une bonne cuisson lorsque la teinte générale change : l’aspect duveteux de la poudre fait place à un demi-éclat, d’apparence soyeuse, laissant transparaître le métal. »
La plaque peut alors être déposée dans l’acide, les zones devant rester blanches ayant préalablement été recouvertes par un vernis. L’acide attaque la plaque dans les zones que les grains de résine fondus n’ont pas occultés. On obtient alors une grenure.
L’aquatinte permet d’obtenir des surfaces de gris à noir suivant le temps de morsure, la densité de résine déposée, la grosseur du grain, et les répétitions de grainage.
Après la morsure la plaque sera nettoyée à l’essence de térébenthine. Afin que l’encre pénètre bien on aura soin de huiler les grenures et de tiédir la plaque. L’essuyage doit se faire tout en douceur et de façon uniforme. Il est proscrit de finir l’essuyage par un paumage au blanc d’Espagne, par contre un dernier essuyage au papier de soie permet de donner à la grenure un aspect velouté.
L’estampe peut ensuite éventuellement être colorée, comme dans le cas du livre Les Oiseaux d’Amérique.

– Historique :
À l’origine de l’aquatinte, on retrouve au XVIIe siècle, un procédé dénommé « en manière de lavis ».
Cependant, il faut attendre le XVIIIe siècle pour que l’aquatinte en tant que procédé soit mise au point. En juillet 1762, François-Philippe Charpentier annonce la création d’une machine « propre à graver dans la manière qui imite le bois ». En 1780, le graveur français Jean-Baptiste Le Prince perfectionne la technique de l’aquatinte. Ces découvertes ne rencontrent que peu d’enthousiasme dans le monde des graveurs français. Il faut attendre la fin du XVIIIe siècle et quelques modifications pour que l’aquatinte intéresse.
De façon paradoxale, c’est l’essor de la photographie qui va relancer la technique de l’aquatinte